CHOQ X JEAN-ETIENNE COLLIN MARCOUX EDITORIAL COVID-19

L’INDUSTRIE CULTURELLE EN DEUIL AU-DELÀ DES PERTES FINANCIÈRES

CHOQ.CA a invité Jean-Etienne Collin Marcoux pour leur éditorial du mois de mai. Pour dresser un regard plus en profondeur sur les impacts du confinement sur les travailleur.se.s de l’industrie musicale québécoise. Jean-Étienne Collin-Marcoux est l’un des fondateurs du Pantoum, qu’il gère à temps plein, [il est également] musicien dans Beat Sexü, Anatole, Gab Paquet et The Blaze Velluto Collection, pour ne nommer que ceux-là. Très impliqué dans la scène musicale de la Ville de Québec, il est également le programmateur du Festival OFF de Québec.»

Comment la crise du COVID-19 a eu un impact sur moi ? Une question sans dénouement pour laquelle je me sens plus ou moins à l’aise de répondre. Cette situation affecte tout le monde tellement différemment et j’ai peur que ma réponse soit déplacée ou même irrespectueuse envers certains individus moins privilégiés que moi. Je ferai de mon mieux pour vous présenter ma réalité et ce que j’en pense, espérant que plusieurs collègues du milieu de la musique puissent s’y reconnaître.

Les consignes actuelles de distanciation sociale paralysent complètement le domaine du spectacle et ces consignes risquent fort de se prolonger. Ma source de revenus principale (comme musicien et technicien pigiste) est disparue. Le festival que je programme est annulé. La fermeture des studios d’enregistrement du Pantoum fait disparaître mes autres revenus habituels et je dois, en plus, défendre cette décision auprès d’autres utilisateurs de l’endroit qui sont dans la même situation que moi. En bref, la plupart de mes investissements en temps et en argent des dernières années, pour produire et construire mes projets musicaux et professionnels, sont devenus caducs du jour au lendemain. Ces pertes sont de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers de dollars et de milliers d’heures de travail. Sur le plan émotionnel, je vis un désarroi extrême… ce n’est pas tous les ans que tu prévois tourner en Italie et aux États-Unis, ouvrir le Festival d’Été de Québec sur les plaines d’Abraham, que tu achètes une nouvelle console pour ton studio d’enregistrement, que tu parviens à faire changer le zonage municipal dudit studio et que tu sors trois albums.

Ça fait beaucoup de deuils à faire. Ça fait beaucoup de dettes aussi.

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