DANS LES BRUMES AVEC MILLIMETRIK

Journée un peu nuageuse; les gens marchent vite dehors probablement à cause de la température qui menace de les détremper. Pascal L. Asselin, alias Millimetrik, m’a donné rendez-vous dans un petit café bondé non loin de chez moi. Après avoir pris place à table, il sort un livre qu’il vient tout juste d’acheter. Le livre s’intitule "Gaspésie Humanless" de Guillaume D. Cyr. C’est un mélange de photos de maisons abandonnés en Gaspésie et d’interview avec des gens de la place. Le livre dégage une ambiance brumeuse tout comme le dernier opus du compositeur Fog Dream. J’ai envie d’une entrevue amicale, comme deux personnes qui jasent, sans le but de faire une entrevue. Je lui propose l’idée et il semble à l’aise avec ça.

 

Ça fait quand même un bout que je te connais Pascal (c’était le premier à vouloir sortir ma musique sur son label indépendant Chat Blanc Records). Je dois quand même t’avouer que ton parcours avec Millimetrik est un peu flou pour moi!

Millimetrik a commencé fin 2001 mais a vraiment pris son essor au début 2003. Les premières compositions étaient souvent des séquences inutilisées de mon ancien band Below the Sea. Je pensais jamais faire ça au début!

À écouter chaque album que tu fais, il semble toujours se dégager un choix clair au niveau de l’esthétisme.

Normalement, le nom de l’album est une ligne directrice. Le bateau qu’on voit dans le video Port Ellen Bass, c’est un spot que j’ai trouvé pas loin de Québec et c’était un endroit important aussi pour l’esthétique de l’album. Mais c’est juste pour moi cette ligne; j’aime laisser carte blanche aux invités. King Abid parle dans son verse de sa jeunesse en Tunisie tandis que Maude Audet parle de complètement autre chose par exemple.

Sérieux, la toune avec Maude torche tellement; j’adore comment les sections s’enchaînent.

Merci, j’ai composé la pièce et je l’ai envoyée à Maude en spécifiant qu’elle devait chanter au début et à la fin. J’adore ce qu’elle fait! Le vocal est enregistré dans Garage Band!

Il y a quand même différents styles à travers l’album. Ça me semble être le plus organique aussi. Quel a été le processus pour cet album?

Premièrement, c’est la première fois que je travaille avec un réalisateur (Kim Gabourit, alias Kido). Je lui envoyais des maquettes et je pense que ça a aidé à amener ça à un autre niveau. Dans certains cas, il m’aidait à fignoler les pièces, dans d’autres cas, il pouvait revirer une pièce de bord pour l’envoyer ailleurs. Pour ce qui est des différents styles, en général, je vois plus ça comme des clins d’oeil qu’une tentative d’émulation. Je pense que, de cette manière, ça garde une base solide et cohérente. En ce qui concerne le côté organique, je pense que c’est le passé de post-rockeur qui reprend le dessus!

Est-ce que tu as réalisé des techniques que tu voulais faire depuis longtemps? Un genre de rêve musical?

On a travaillé avec le gars qui fait le mastering d’Amon Tobin. C’était vraiment fou, quand il a envoyé la première maquette du mastering, il a aussi écrit une lettre expliquant le processus artistique qu’il avait choisi de suivre. Sinon, j’ai interviewé un vieux gardien de phare d’Halifax pour la pièce Le fantôme du phare de Sambro island.

C’est quand même un gros clash Millimetrik vs. Les Indiens. En quoi les deux techniques de drum se sont influencées?

Curieusement, j’ai l’impression que c’est plus le playing de Millimetrik qui influence Les Indiens, parce que la batterie est assez minimaliste. À la base, je trouvais ça super trippant de jouer dans un band avec un style qui m’était étranger, pour lequel je n’avais pas un gros background.

J’ai jamais vraiment fait de projet solo alors je me demande ça fait quoi d’être seul à la barre?

D’un côté c’est super parce que ça va vraiment plus vite. Tu vois, cet album-là, je l’ai fait en 4 mois seulement. Mais d’un autre point de vue, même si c’est plus vite, ça reste plus dur de se redéfinir. Pour m’aider à avancer, j’induis beaucoup de double sens à ma musique. Ça me laisse des chemins différents à emprunter pour le futur. Par exemple, la pièce Prélude imaginé est la plus house de l’album. Je l’ai mise à la fin parce que c’est peut-être un univers esthétique vers lequel je vais aller, mais qui sait?

C’est une belle contradiction d’appeler la dernière pièce Prélude imaginé aussi!

Je me suis dit que tant qu’à te donner le vertige pour la dernière question, je vais te le donner comme il faut.

Donc :

Millimetrik, il est où dans 20 ans?

Hahaha! J’ai jamais eu l’impression de faire ce que je devais faire à mon âge pour être honnête. Quand j’avais trente ans, j’avais pas l’impression de fitter dans le moule non plus, alors ça me stress pas trop! En autant que les gens restent intéressés et que j’aie le sentiment que j’ai encore de quoi à dire. Millimetrik va continuer, c’est certain.

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UNE TITE JASETTE AVEC LE BASSISTE DES INDIENS