UNE TITE JASETTE AVEC LE BASSISTE DES INDIENS

Ça faisait un bout que les gars bagossaient là-dessus avec Guillaume Chiasson derrière les fadeurs de sa vieille 8 tracks. Puis, par un beau 15 avril, le nouvel opus des Indiens est arrivé comme un prophète chamanique doom arriverait d’un autre système solaire en plein milieu des nuits psychédéliques.

 

De mon côté, je me rends au café Ma Station pour aller jaser avec Michel Groleau (bassiste et back vocal du band). Il m’attend, super jovial,  en train d’engloutir un bagel au végé-pâté. Cette vision est pas pire clair-obscur. À l’entendre chanter sur l’album, on l’imagine plus en train de dévorer les entrailles d’un grizzly après l’avoir à peine abattu dans un combat sanguinaire sur une montagne sacrée.

Faque vous avez dû pas mal rire quand vous avez trouvé le nom de l’album?

Ahah! Ouais! En fait c’est Pascal (le batteur) qui est arrivé avec ce concept, pis on trouvait que ça marchait plus avec ce qu’on voulait faire.

Tu vois, ces temps-ci, je pensais à ce que les musiciens cherchent quand ils composent ou interprètent. Je pense parfois qu’ils cherchent la vérité ou une manière de s’y rendre. Vous autres c’tait quoi votre vérité pour cet album?

On voulait faire un album moins classique rock québécois. On voulait se centrer sur la thématique du Shaman UFO et plus sur un style doom assumé. Dans ce sens-là, on a vraiment essayé de changer notre processus créatif.

On s’est complètement fourré à la pré-prod. Ça ressemblait trop à ce qu’on avait déjà fait. Y’avait juste la pièce Sans-Mort qui s’est révélée une porte entre-ouverte qu’on a décidé de suivre. Finalement, on a décidé de faire évoluer notre matériel plus lentement, dans un style doom et avec les troix voix plus égales. La voix d’Alex est plus présente et accote super bien celle de Guillaume (chanteur guitariste).

C’était vraiment un exercice de forme qu’on a fait pour la charpente des pièces. Ça donne des trucs plus massifs, pis on trippe vraiment à jouer ça live. C’était important pour nous d’avoir du fun avec les nouvelles pièces.

On est content aussi de la job de Guillaume Chiasson, qui a plongé les vocals dans le reste de la musique.

C’est vrai que c’est vraiment cool pis ailleurs que le précédent. Mais vous êtes conscients que c’est un gros statement d’aller ailleurs que le premier album? Dans un petit marché francophone, c’est pas un peu dangereux?

On est conscient du choix. On sait que le premier est allé chercher un plus grand public. Par contre, avec le nouveau matériel, on a l’impression de plus vivre un moment avec la foule. Le monde est dans le même buzz que nous quand on joue. Sinon, j’ai l’impression qu’avec l’accès à la musique qu’Internet apporte, y’a plus d’offres, mais ça rend le public plus ouvert. On prend un pari qu’on décide d’honorer parce qu’on est bien dans ça. Mais peu importe le style, faut que tu y crois. Regarde les Big Brave: qui aurait pu penser qu’un band de Slow Core québécois pourrait aller aussi loin?

Penses-tu qu’il y a une viabilité pour des artistes qui osent faire des albums ancrés dans un style autre que ceux chéris du public québécois?

C’est sûr que pour moi ça reste une passion pis que j’ai une autre job. La viabilité m’affecte donc moins. Mais regarde les micro-brasseries, autant en région qu’en ville: les gens en sont fiers, pis se les approprie. Dans le contexte brassicole, on dirait que le monde est super ouvert aux nouveautés et aux produits plus niches. Si les musiciens pouvaient surfer sur la même vague, ça pourrait peut-être être plus viable.

Nous autres ça adonne bien! On est souvent aimé par les micros, alors c’est super facile de jouer dans ces endroits. Je pense que des salles de spectacle dans les micros serait un bon filon pour les musiciens.

Faudrait aussi que les gens s’investissent plus lorsqu’ils décident d’écouter de la musique. Dans le temps, ou tu payais pour écouter une toune dans un Jukebox; le fun que tu retirais comme auditeur était mille fois mieux que celui de choisir une toune sur Spotify aujourd’hui.

C’est sûr, mais on peut pas arrêter le progrès. Si le monde a le choix entre payer ou ne pas payer, c’est certain qu’ils prendront la deuxième option.

C’est vrai. Je suis quand même curieux de voir comment le paysage musical va avoir évoluer dans 20 ans. Ce sera sûrement moins uniforme et le monde sera plus ouvert.

Je pense que ça va aider, mais quand tu y penses, écouter de la musique, c’est une activité aussi active que de cuisiner. Faut prendre le temps d’écouter peu importe la technologie qui nous apporte la musique. Si t’écoutes tout à moitié, ça vaut pas grand chose. Quand tu demandes à quelqu’un qu’est-ce que t’écoutes? pis que la personne répond – Moi? de tout! Souvent ça veux dire qu’ils prennent pas vraiment le temps.

Ahah, c’est vrai!

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