LIFE AS A PROFESSIONAL MUSICIAN (2 DE 2)

Votre humble scribe continue de partager avec vous quelques apprentissages résultant de ses études dans une prestigieuse université anglophone.

En 2010, j’ai terminé un baccalauréat en musique dans une prestigieuse université anglophone. Pour le petit gars réservé qui avait toujours vécu à Québec dans le confort et la sécurité, c’était une belle réalisation de vie. J’y ai appris une langue, joué des timbales dans un opéra, monté Le noir de l’étoile de Gérard Grisey (1h de défi absolu pour six percussionnistes masochistes) et bu assez de café Tim Hortons pour trois vies.

LIFE AS A PROFESSIONAL MUSICIAN – THE COURSE

Tout le monde devait suivre un cours « bonbon » d’un crédit intitulé Life as a Professional Musician. Ça consistait, en gros, à s’asseoir pendant 50 minutes dans une salle de concert pour écouter un conférencier (souvent illustre et âgé de plus de 70 ans) raconter son parcours professionnel. La plupart des étudiants le suivaient en première ou deuxième année, plus près de l’entrée que de la sortie de la prestigieuse université en question. Most often, it went like this :

« Ça avait l’air cool les années 60, vraiment! »

« Le vieux modèle d’affaire des compagnies de disques? Intéressant. »

« Gagner sa vie avec des gigs de jazz huit soirs par semaine? J’ai trouvé ma nouvelle carrière! »

« L’arrivée du Web…? Quel changement, hein?! » 

LIFE AS A PROFESSIONAL MUSICIAN – WHAT IT’S REALLY LIKE!

À l’été 2009, j’ai vécu ma première vraie expérience de la vie comme musicien professionnel : un été sur la route avec Klô et Mathieu Pelgag. L’ADN de Klô Pelgag-l’artiste était déjà solidement en place et c’était clair que ces deux moineaux excessivement talentueux avaient ce qu’il fallait pour percer.

Vue de mon siège avant mon premier show avec Klô – Quai des Arts, Carleton-sur-Mer, 2009

On a commencé ça en lion en gagnant un concours à Carleton-sur-Mer. Les choses allaient vite! « 1500 milles sur des routes de pluie » disait Éric Lapointe dans son succès de l’été. Il faut souvent improviser et ce n’était malheureusement pas au programme de la prestigieuse université anglophone. Personne ne m’avait montré à négocier, à booker des shows ni à faire un budget même si les chances que tu aies à faire ça comme musicien sont infiniment plus grandes que celles de réussir une audition pour un poste d’orchestre. L’été 2009 a été un baptême de feu mais je ne me suis pas rendu à la première communion. J’ai démissionné du projet l’automne venu parce que je trouvais que je n’avais pas le « feu » nécessaire pour continuer d’avancer au même rythme que mes amis. J’ai choké.

Ça prend du courage pour partir sur la route et professionnaliser ton projet de façon organique, sans compromis, en faisant des centaines de spectacles et d’innombrables concours. Klô l’a fait de façon admirable. J’ai encore dans mes affaires les premiers démos piano/voix enregistrés sur le vieux piano de la maison familiale et on y reconnaît parfaitement l’essence de sa personnalité artistique. Elle a juste été game de porter le flambeau jusqu’à devenir un « hot topic » médiatique des deux côtés de l’Atlantique. Sans blague, va écouter son nouvel album.

L’enseignement supérieur de la musique et des arts doit assumer sa responsabilité de voir au-delà du local de pratique. Il faut parler aux jeunes qui s’inscrivent au cégep ou à l’université des immenses défis auxquels font face les professionnels d’aujourd’hui (genre, le monde pré-Internet N’EXISTE PLUS!!). Il faut arrêter de diminuer l’importance de ce qui se passe à l’extérieur de la maison d’enseignement. Il faut arrêter de ne pas prendre au sérieux des collègues musiciens qui font de l’art sans formation scolaire ou qui ne savent pas lire une partition classique. Il faut passer plus de temps à discuter avec les élèves pour leur montrer que s’ils veulent vivre de ce métier, ils ont plus intérêt à développer des relations professionnelles qu’à jouer leur solo de hot jazz à 270 à la noire sans en manquer une.

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